Le plan de M. Bush pour lutter contre l'effet de serre n'a pas convaincu
George Bush le reconnaît : "Le changement climatique est un des grands défis de notre temps." S'adressant aux délégués des seize grands pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre qu'il avait conviés à se réunir à Washington, vendredi 28 septembre, le président américain a cité le rapport scientifique du Groupe intergouvernemental des experts sur le climat (GIEC).
"Quand nous brûlons des combustibles fossiles, nous émettons des gaz à effet de serre dans l'atmosphère", a-t-il expliqué. Constatation qui dans la bouche de George président Bush, marque une profonde évolution. Il a poursuivi en plaçant sa démarche sous l'égide de la Convention des Nations unies sur le changement climatique et annoncé que, ensemble, les pays "fixeront un but à long terme de réduction des émissions".
"Ce qu'a dit Bush aujourd'hui, il ne l'aurait pas dit il y a cinq mois ou il y a cinq ans, déclare au Monde Agus Purnomo, membre de la délégation indonésienne,, en exprimant le sentiment général. Ce n'est pas un grand saut, mais c'est un petit pas, qu'on ne va pas sous-estimer."
Les participants ont applaudi la nouvelle préoccupation de Washington pour le changement climatique. Mais ils ont regretté que le président américain ait esquivé la question d'un engagement de réduction des émissions par son pays, principal émetteur de gaz réchauffant la planète, comme le recommande le protocole de Kyoto. "Chaque pays concevra ses propres stratégies afin de progresser pour atteindre le but à long terme", a en revanche proposé M. Bush.
Cette approche est refusée tant par les Européens que par les pays en développement. "La demande de nos pays, explique M. Purnomo, est que les Etats-Unis doivent adopter des objectifs de réduction. Les grands pays en développement travaillent sérieusement à réduire leurs émissions. Mais ils ne prendront pas des engagements spécifiques si les pays développés, qui ont accumulé les gaz dans l'atmosphère, ne font pas des pas significatifs."
Le représentant de la Commission européenne, Morgens Peter Carl, renchérit : "Pour faire évoluer le système économique, il faut envoyer des signaux au marché. Cela passe par un prix du carbone, qui ne peut s'établir que s'il y a des engagements contraignants des principaux pays." Les Européens ont souligné que pour leur part, ils ont décidé au printemps, unilatéralement, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2020. Et ils rappellent que l'idée que chaque pays ferait de son mieux est déjà contenue dans la Convention sur le climat signée en... 1992.
La réunion de Washington aura permis de clarifier les choses. Pour une grande partie de la communauté internationale, tout progrès dans la lutte contre le changement climatique passe par un engagement de la première puissance mondiale à réduire ses émissions.
Une crainte partagée par la majorité des pays est aussi que la rencontre organisée par l'administration Bush amorce un processus diplomatique concurrent de celui engagé dans le cadre de la Convention sur le climat et du protocole de Kyoto. De ce point de vue, la France n'a pas simplifié le débat, en proposant, à l'instigation de l'Elysée, d'organiser vers mars 2008 une réunion des seize principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre. Idée qui n'a pas suscité l'enthousiasme des Européens, qui ont semblé surpris par cette annonce non concertée préalablement.