La lutte contre l’excision peine à s’ancrer dans le concret
Professionnels de la santé, associations et personnel social déplorent l’absence d’action concertée.
Beaucoup de paroles et finalement peu d’actes. Alors que s’ouvre aujourd’hui à Berne un colloque sur le sujet, c’est le sentiment qui prédomine dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), qui concernent 7000 femmes en Suisse.
Les deux journées d’études organisées par l’Unicef s’intitulent pourtant «Stratégies concrètes pour venir à bout de l’excision» et réunissent des experts du monde entier.
Grands absents de cette rencontre: les politiques. Seule la conseillère nationale genevoise Maria Roth-Bernasconi, très investie dans cette lutte, se déplace. «Ces journées permettent d’échanger des expériences, convient-elle. Je regrette que la collaboration ne se démocratise pas davantage. Du coup, la mise en œuvre pose problème».
Vide juridique
En 2005, elle avait déposé une initiative parlementaire visant à améliorer les normes pénales liées aux MGF – certaines ne sont toujours pas reconnues comme lésions corporelles graves, et ne sont donc pas poursuivies d’office -, ainsi qu’une motion demandant au Conseil fédéral de s’investir davantage dans cette lutte. Considérée comme une experte en droit sur le sujet, la socialiste admet non sans amertume que les changements prennent du temps… Deux procès très attendus pourraient cependant permettre de clarifier la situation et combler une sorte de vide juridique. A Genève, le procureur Daniel Zapelli a réouvert l’enquête concernant un père d’origine malienne qui a emmené au pays faire exciser ses deux fillettes. A Zurich, le procès de parents ayant fait exciser leur fille sur le territoire Suisse pourrait faire jurisprudence.
Mais la répression est une chose, la prévention en est une autre.Car la Suisse est pleine de contradictions: politiques de tous bords, médecins, associations et ONG s’accordent pour dénoncer ces mutilations, mais aucune action de grande ampleur n’a encore été menée pour y remédier.
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