XWayne a écrit :Après avoir pris le temps de le digérer, j'apprécie vraiment Gigaton.
Je m'attendais au pire après la série d'albums "Pearl Jam par Pearl Jam" depuis l'Avocado, où le groupe ne proposait aucune surprise (sauf Jeff) et Vedder s'auto-caricaturait dans son chant, ses paroles (j'en peux plus des vagues et de l'océan) et ses compositions Into the Wildesque. Can't Deny Me annonçait une sortie de route magistrale, mais ils semblent s'être rendus compte que cela ne marchait plus, ont revu lors méthodes de compositions d'après les interviews de Josh Evans, et demandé gentiment à Brendan O'Brien de partir avec son clavier magique (même s'il en reste des traces).
Dance of the Clairvoyants était un bon indicateur de ce changement, avec un titre composé collectivement, des changements d'instruments, et une inspiration clairement trouvée chez les Talking Heads.
Superblood Wolfmoon en 2e single semblait annoncer quand DotC n'était qu'un titre isolé et que le bon vieux "Pearl Jam roxx" était toujours là, mais il cachait une certaine nouveauté dans sa structure peu habituelle chez PJ.
Mais surtout l'écoute enchainée de ces 2 titres indiquait une cohérence dans le son, la production semblait donner une âme qui fasait défaut depuis Backspacer (voire l'Avocado, mais c'est la faute du mastering explosé en 2006).
L'écoute de l'album a confirmé cette bonne direction: il m'a fallu plusieurs écoutes pour bien distinguer et "personnaliser" chaque morceau, l'ensemble dure 57 minutes, mais je n'ai jamais trouvé le temps long, j'ai été frappé par la cohérence du tout. Le démarrage est très fort, il y a un léger coup de mou sur Never Destination / Take the Long Way (qui me semblent être des morceaux moins ambitieux) et le final acoustique sur 4 morceaux est inhabituel, mais justement cela change de la formule pré-établie des derniers disques.
Les inspirations n'ont jamais été aussi évidentes, à la limite de la citation de Led Zeppelin, Bruce Springsteen et Talking Heads, ce qui paradoxalement permet aux morceaux de sonner enfin comme du Pearl Jam, qui aurait évolué logiquement après Riot Act et se serait libéré de sa propre image. Finie la crise de la quarantaine, et le "retour en forme" artificiel.
Matt Cameron semble avoir retrouvé les marques qu'il avait perdues depuis Binaural, avec différentes rythmiques et sons de batterie, et en profite pour lâcher un 7/4 sur Take the Long Way qui rappelle ses expérimentations avec le Wellwater Conspiracy. Jeff Ament, toujours actif ces dernières années avec ses projets parallèles et albums solo, ré-écrit When the Levee Breaks avec Quick Escape, revient avec Alright aux ambiances de Sleight of Hand et Army Reserve, répond toujours présent avec sa basse. Gossard m'apparaît plus en retrait, mais signe avec Buckle Up un héritier de Around the Bend, une berceuse hypnotique où Vedder semble avoir repris le phrasé de Stone directement de sa démo. McCready sort la douze-cordes pour son Retrograde, mais surtout ses solos semblent chercher ailleurs que dans sa zone de confort habituelle.
Mais celui qui m'étonne le plus au sein du groupe est Vedder: il semble enfin considérer les limitations de sa voix et ne plus s'égosiller sur des titres inchantables en concert, c'est plus posé et chaleureux. Et malgré cinq compositions à son nom, il ne tombe pas ses travers passés: Who Ever Said part dans un pont qui est un véritable morceau en soi au lieu de se limiter à un Breakerfall bis, Never Destination est un morceau fun qui arrive à rester léger (loin des forceurs Gonna See my Friend Supersonic), Comes Then Goes s'inscrit dans la suite de Parting Ways et arrive à maintenir l'intérêt pendant 6 minutes, et l'attendue River Cross garde son côté solennel en évitant les fautes de goût niveau production.
Et la production est certainement le point fort de cet album: Josh Evans a su mettre à profit son expérience personnelle avec le groupe pour s'adapter à eux tout en trouvant les bonnes idées pour mettre en valeur les titres. Certains éléments se découvrent après plusieurs écoutes, des liens sont présents entre les titres, et l'ensemble dégage une certaine chaleur. Même si un tel projet serait maudit d'avance (de par les compos en elles-mêmes et les parties déjà enregistrées), j'aimerais l'entendre remixer Backspacer et Lightning Bolt. On va certainement retrouver son nom sur des albums d'autres groupes majeurs.
Une très bonne surprise pour ma part, à voir tout de même quand l'excitation de la découverte sera passée. Dommage que la tournée US (et Euro ?) soit annulée, j'aurais voulu juger de la qualité des morceaux en live.
100% d'accord avec tout ce que tu dis, le fait que Vedder se rende compte de ses limites vocales et trouve une nouvelle façon de chanter change énormément la donne et puis McCready n'a plus été aussi bon et inventif depuis... Riot Act et encore on est presque dans les solos flamboyant du début, ok je m'emballe mais il n'a plus été inventif comme ça depuis longtemps et même en concert ses solos finissaient pas se ressembler tous. La basse de Jeff et Stone du coup sur DOTC sonne a merveille et la ligne de basse (pour n'en citer qu'une) de 7 o' clock me font apprécier ce morceau de plus en plus puis putain quand il compose notre Jeff il y va pas de main morte Quick Escape monumentale et Alright un des mes gros coups de coeur... Puis Buckle Up comme tu dis Vedder a du reprendre le phrasé de Stone sur sa demo ça pue tellement le Stone j'adore ce morceau. Et puis Matt Cameron je dirais juste
Je me demande qui a parlé en premier de reprendre tout a zero mais putain ils nous offre un album super riche, remplis de subtilités, on en a eu à la pelle des albums fait dans l'urgence des bons et des moins bons ici après 30 ans de carrière ils nous offre peut-être leur album le plus travaillé, j'attendais plus rien d'eux, j'ai jamais vraiment aimé Advocado, Backspacer était parfois sympa mais m'avait laissé sur ma faim et Lightning Bolt malgré quelques supers morceaux mais sans aucune originalité avait son lot de bouses, la fin de l'album m'emmerde malgré Yellow Moon a qui il manque un petit truc pour devenir vraiment bonne, même Mind Your Manners m'avait profondément emmerdé aussi...
J'ai l'impression de réécrire une critique mais je trouve vraiment cet album passionnant et inédit chez Pearl Jam, rien que dans les structures de presque tout les morceaux leurs sonorités, le travail sur chaque instruments, la production de Josh Evans qui est mon nouveau héros...
le dernier concert que j'ai vu en 2018 m'a fait réaliser que j'aimais toujours ce groupe, ce nouvel album me fait réaliser qu'il est toujours mon favoris...
dans l'ordre de préférence pour l'instant
River Cross
Dance of the Clairvoyants
Alright
Quick Escape
Buckle Up
Superblood wolfmoon
Comes Then Goes
Who Ever Said
Seven O'Clock
Retrograde
Take The Long Way
Never Destination