Pearl Jam à son zénithEddie Vedder, le leader de Pearl Jam, lors du passage du groupe, hier soir, à la Place Banque Scotia d'Ottawa.Une soirée ordinaire, vous dites ?
Peut-être à la maison. Peut-être devant la télé. Peut-être au bar du coin.
Pas à la Place Banque Scotia et ils sont plus de 13 000 à être de cet avis, ce matin.Hier soir, l'intensité a atteint - et sérieusement - l'amphithéâtre en bordure de la 417. Intensité à la puissance maximale. On n'a pas fait semblant, sur cette scène sans artifice, sans fla-fla.
C'est ça, un spectacle de Pearl Jam. Le rock est servi au premier degré sans cochon rose s'envolant dans le ciel, sans nuage de fumée, sans écran géant. Avec pour seul décor, un rideau où on a peint un mur d'amplis et la bouteille de vin du chanteur.
Du rock à l'état pur.
Nuance : du grunge à l'état pur.
Du grunge sans subterfuge, sans détour et comme on a appris à l'apprivoiser.
Pearl Jam a eu 20 ans en 2011 et l'anniversaire ne passera pas inaperçu. Il y a le documentaire de Cameron Crowe, bientôt un livre et, il y a quelques heures, ce spectacle.
Plaisir contagieux
Vingt ans et toujours percutant, le répertoire du groupe de Seattle. Percutant certes, mais on a vu et entendu Pearl Jam à son zénith, à la PBS. C'était notre troisième rendez-vous avec Eddie Vedder et ses collègues et, à chaque fois, on est sorti de là, ragaillardi. En se disant que cette expression musicale a encore sa place dans l'univers musical d'aujourd'hui. Au fond, elle l'aura toujours, tant et aussi longtemps que Pearl Jam tiendra le coup.
Un spectacle du groupe est une invitation à un voyage unique avec un guide lui aussi unique. Eddie Vedder a été mirifique. Il vit chaque instant, chaque syllabe, chaque mot de ses chansons et Pearl Jam a ceci de particulier, il peut faire tous les titres de son répertoire une fois sur scène. Rien ne l'en empêche. Surtout pas le dispositif scénique, minime. On les imagine en coulisses, tentant d'en arriver à une liste de chansons. Le plaisir doit être contagieux.
Philanthropie
Avant d'oublier... Pearl Jam a dédié sa chanson Wishlist à la représentante ottavienne de sa fondation Wishlist, un organisme constitué de fanas du groupe et qui a amassé plus de 500 millions $ à ce jour. Preuve qu'il est possible d'être à la fois musicien et philanthrope.
Et le spectacle ? C'est simple, ce mercredi est à inscrire dans les annales de l'histoire du rock dans la région. Aux côtés de Zeppelin, des Stones, de Metallica et Harmonium et son Heptade.
Un classique, une performance éblouissante déplaçant tout l'air escompté. On ne l'oubliera pas.
On n'oubliera pas l'intro, un extrait de Metamorphosis, de Philip Glass. Impossible non plus d'oublier les versions sans retenue de Small Town , Last Exit et Do the Evolution, en lever de rideau. Même chose pour Setting Forth, un extrait de la trame sonore du film de Sean Penn Into the Wild et la nouvelle, Ole .
Le groupe a retraité en coulisses au bout de 85 minutes. Ce n'était pas terminé. Vedder s'est amené seul avec un nouveau « set-list » dans ses mains, s'est installé seul derrière le micro avec sa guitare sèche et il a fait The End . Mystifiant.
C'est Pearl Jam et 50 minutes, après la fausse fin de sa prestation, il était encore sur scène et passait d'une chanson à l'autre comme s'il venait d'entamer son show. Just Breathe, Off He Goes, Rearviewmirror et l'émouvante Come Back nous ont littéralement chassé de notre chaise sur la tribune de presse de la PBC.
On a vu et entendu un grand groupe, hier soir et d'une grande honnêteté à l'endroit de son public. Une bonne nouvelle: il a seulement 20 ans.