Article du Matin (Journal Suisse)
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Kings of Leon: en route pour la gloireImage © DR
La famille Followill au grand complet.
Véritable buzz électrique dans les pays anglo-saxons, le groupe de Nashville part à la conquête du reste du monde avec l'imposant «Only by the Night»
Jean-Philippe Bernard - le 24 septembre 2008, 22h01
Le Matin
Une longue liste de concerts à guichets fermés dans des stades. Les filles qui hurlent comme au temps de la Beatlemania. Les sorties de scène sous escorte policière, le sexe facile et le monde réel qui s'efface inexorablement en raison de l'abus de substances illicites et des nuits blanches... Une nouvelle biographie de Led Zeppelin? Non. On parle là du quotidien des Kings Of Leon, le groupe de rock qui, dans les prochains mois, pourrait bien devenir plus énorme que U2 et Coldplay réunis. Pour l'heure et sans forcer, le groupe originaire du Tennessee s'impose comme la sensation majeure de la rentrée rock'n'roll. Aux Etats-Unis, en Angleterre et dans le reste de l'Europe, ce gang composé uniquement par les membres de la famille Followill (trois frères et un cousin) fait la une des principaux médias spécialisés, lesquels lui consacrent par ailleurs des articles de plusieurs pages afin de célébrer la sortie de l'imposant album «Only by the Night».
Drôle de destin tout de même que celui de cette bande de gamins sudistes élevés par un père prêcheur pentecôtiste. Lorsque leur premier album («Youth and Young Manhood») paraît dans le courant de l'année 2003, tout le monde remarque certes les Kings Of Leon. Mais, en raison d'un look de collégiens seventies mal lavés et de chansons sauvages et rétrogrades évoquant des formations sudistes aussi ancestrales que Creedence Clearwater Revival, leur valeur marchande frôle le zéro absolu. Ainsi, quelques mois plus tard, ce ne sont pas plus de quelques poignées de spectateurs qui observent d'un oeil peu concerné leur apparition au Paléo Festival de Nyon.
Invités par Dylan
Les Kings Of Leon, malgré la qualité des compositions et le timbre fiévreux de Caleb Followill, ne sont alors qu'une attraction rétro destinée aux maniaques érudits. «Aha Shake Heartbreak», qui paraît à l'automne 2004, ne change rien à la donne. En 2005 en revanche, Bob Dylan, qui se prend d'affection pour ces «petits ploucs morveux», les invite à tourner avec lui. Pearl Jam, autre monstre du rock yankee, fait de même dans les mois qui suivent.
Sexe, drogue et rock'n'roll
Que se passe-t-il alors sous le crâne des gamins Followill? Manifestement, le grand cirque rock'n'roll leur donne des idées. Sans modération, ils goûtent au cocktail sexe, drogue et rock'n'roll et sombrent dans la déprime dès que, en fin de tournée, il leur faut reprendre une existence normale.
Lorsque le groupe revient en 2007 avec «Because of Times», les observateurs constatent que le rock garage des débuts a quasi disparu au profit d'une musique new wave plus sombre, plus intrigante et surtout plus en phase avec ce que les moins de 25 ans écoutent sur leur iPod. L'album en question marche fort et c'est en tête d'affiche que les Kings Of Leon remplissent en décembre l'Arena de Wembley (20 000 spectateurs).
Cet automne, «Only by the Night» enfonce le clou. Désormais lookés comme ces rockers branchés qui ne manquent aucun rendez-vous mondain, les quatre Followill oeuvrent pour la grosse industrie. Emballé de façon clinquante, le nouvel album accumule les strates de guitares façon U2 et sonne comme si Pearl Jam (la voix de Caleb Followill évoque souvent celle d'Eddie Vedder) décidait de remettre au goût du jour la new wave gothique de Cure. Il est facile d'imaginer l'impact qu'auront dans des stades en délire des hymnes fédérateurs (et un brin racoleurs) comme «Sex on Fire», «Crawl», «Use Somebody» ou «Be Somebody». Sous son maquillage grand public, le groupe reste suffisamment tordu pour écrire une ode camée à une groupie de 17 ans rencontrée sur une tournée précédente («Seventeen») ou pour clore son exposé sonique sur l'hypnotique «Cold Desert», longue plainte hallucinogène et néanmoins inspirée. Une raison en moins de lui résister...