C'est vrai qu'après quelques écoutes de
Copy of A ou
Came Back Haunted, que j'avais trouvées entraînantes mais un peu soft, j'abordais cet
Hesitation Marks avec un peu de craintes, mais des espoirs aussi, parce que bon, c'est NIN, enfin c'est Trent Reznor quand même !
Les deux titres passent toujours aussi bien, surtout joués forts, pardon, très très forts sur une grosse sono digne de ce nom ! Et cet album mérite ça.
Première impression, une prod impeccable, comme d'hab', et des percus léchées, le point fort de Reznor depuis des années. La plupart des rythmiques sont groovy, on hoche la tête et tape du pied bien vite.
Deuxième impression, la voix est posée, pas de hurlements, et si peu de guitare ! Certes, le volume sonore grimpe bien sur les refrains de ceux deux titres, à renfort de grosses nappes de synthé. Mais comment va t-il me faire décoller si la disto est au placard ?
Find my Way ne rassure pas sur ce point, mais cette "balade" entretient le mystère. Il y a quelque chose de spécial dans cet album, une fine couche de ce petit truc bien à lui, savamment dosé. Et Reznor sait visiblement ce qu'il veut, ou ce qu'il ne veut pas !
Il ne veut pas refaire the Downward Sipral, même si
All Time Low est un clin d'œil plus qu'appuyé à Closer, vicelard à souhait, mais avec des cœurs surprenants. Et le malaise de the Fragile est là : "everything is not ok". Pas de doute, sur un dance floor ou en live avec les strombos, ça doit marcher.
Disappointed relance la machine, les guitares sont discrètes mais ça pulse en douceur, très hétèré, comme dans une scène de Drive.
Everything est sans doute le titre le plus surprenant, l'un des plus innovants dans la discographie de NIN : on pense à une ritournelle pop des Cure, avec une ligne de guitare qui calque sur celle de Just Like Heaven, et puis ça part soudainement en indus froid et violent, pour mieux revenir à la ritournelle et aux voix presque lisses. Prise de risque gagnante à mon avis. C'est dangereusement addictif.
Satellite lorgne à nouveau vers la technopop style fin-80ies, avec une touche de parano qui enveloppe le tout. C'est racé. Toujours pas de faute de goût.
Various Methods of Escape est peut-être mon titre préféré. Mid-tempo, dépouillé, rythmique syncopée en avant, et un refrain superbement évident avec les grosses guitares qui tournent en arrière plan, entêtantes, je me laisse emporter.
Running revient à la techno ambiant, thème général de l'album, avec des voix toutes douces à peine bousculées par un gimmick guitare aussi épisodique qu'épileptique, une petite pause dans l'album qui ne laissera pas de traces mais qui passe bien dans l'atmosphère générale.
Reznor finit fort.
I would for You bénéficie d'une rythmique lourde, comme celle de Reptile sur Downward, mais la mélodie est plus enlevée, Trent pleure sa condition immuable et crie dans le désert, et les guitares lui répondent enfin, toujours aussi subtiles, car il a clairement été décidé que cet album ne serait pas rock.
In Two hausse le ton et le rythme, la rythmique est au sommet, guerrière avec les voix robotisées, avant des chœurs tous doux, pour mieux repartir. Le titre le plus traditionnellement "NIN" de l'album sans doute avec Haunted.
While I'm still Here/Black Noise concluent l'album dans une ambiance confinée, chaque son est compté, chaque mot est pesé, et les 10 secondes de saxo n'ont rien de jazzy, mais ne choquent pas. Tout est bien pesé, bien emballé, un peu trop peut être.
Mais franchement, quel talent. A mon avis, peu d'artistes peuvent se permettre un truc pareil sans être ridicules. Il maîtrise son art, avec un album des plus aboutis depuis le double Fragile sans doute.
Et cerise sur le gâteau, ces titres prennent une autre dimension en live, avec un lightshow époustouflant, car cet album était un projet global, le visuel et le son.
http://www.nin.com/ Simplement Bravo.