La review, sorry pour le retard.
Les
BRMC ont tout pour eux. Un rock racé, influencé par les meilleures racines US et british, un son identifiable immédiatement, la classe, le look that kills, de belles gueules et un jeu de scène qui a fait décoller le
Bataclan, mercredi 12 mai 2010.
La soirée a débuté avec une première partie made in England sympa mais encore immature, dont l'originalité tient dans : un jeu de batterie debout et frontside, une bassiste chanteuse élégante mais à la voix encore trop neutre, et un guitariste sous mixé derrière les samples mais qui avait l'air d'y croire. Pas retenu le nom, mais 30 min suffisaient pour chauffer sans échauffer.
10 minutes avant le noir dans la salle, une silhouette familière déconne en régie, au milieu du public qui ne le reconnaît pas : Robert Levon Been nous ressemble vaguement, un peu à mon voisin et au voisin de mon voisin, c'est à dire pas vraiment une diva rock mode Steven Tyler ! Il regagne le backstage en traversant la foule qui ne réagit toujours pas, à part une dizaine de tapes amicales sur l'épaule. Cool !
Le noir se fait vers 20h30, et c’est Jimi Hendrix qui lance les hostilités en fond sonore. BRMC apparaît, et j’ai à peine le temps d’entrevoir le minois de Leah Shapiro, la promue, avant qu’elle ne s’installe derrière ses fûts. Le trio débute par
War Machine, puisqu’il s’agit d’hostilités. Pas vraiment le plus enlevé de leurs nouveaux titres, mais ça cogne déjà fort à la batterie. Robert est chaud à la basse, assure la majeure partie du chant sur les premiers titres. Sa basse flotte et tournoie autour de lui, comme suspendue à nulle part, avant qu’il ne la prenne sous le bras, comme un mariachi, pour envoyer une rafale de gros calibre vers le public. Peter Hayes est concentré entre ses six cordes et son micro, qu’il contourne et frôle en permanence, un peu à la façon de Robert Smith. C’est ensuite le plus rapide et rugueux
Mama Taught Me Better qui permet à la miss Shapiro de monter d’un cran. Nick Jago ne renierait sans doute pas sa frappe sur ce titre qui est l’un de mes préférés parmis les plus récents. Le son est bon, surtout la basse de Robert, lourde et précise. Ces trois là, comme c’est le cas pour les meilleurs power trios, remplissent un espace sonore incroyable, et ont la qualité de retranscrire à merveille le travail de studio, sans vide et avec le punch et la chaleur du live en plus.
Red Eyes and Tears (qu’on a l’impression de connaître depuis toujours) et
Bad Blood sont très bien exécutés, mais j’attends que le concert prenne son rythme. C’est le cas avec
Beat The Devil's Tattoo, dont les premières mesures déclenchent la clameur. Attention, sous ses airs de ritournelle tribale pour vieil apache, ce titre devient énorme dès que la disto est enclenchée. Et les chœurs éraillés de Peter, un peu sous-mixés sur la version studio, donnent à ce titre une fin très intense. Cette intensité ne retombe pas grâce à
Love Burns, premier titre et premier hit college radio du groupe en 2000, reconnu immédiatement par le public. Mieux,
Ain't No Easy Way, acclamée dès les premières secondes, donne l’impression que Johnny Clash fait du Metallica en acoustique, et l’harmonica de Peter Hayes déchire l’espace du Bataclan. Ces trois titres ont lancé véritablement le concert.
Aya, the «
reckless lover » ralentit le rythme, mais ne relâche pas la pression. Les couplets de Robert sont langoureux et vicieux, et le refrain hurlé par Peter maintient l’intensité du moment. Suit une deuxième salve de hits avec
Berlin et
Weapon Of Choice, dont les «
I won’t waste it » sont repris en chœur. On réalise alors que BRMC dispose dorénavant d’un catalogue bien étoffé avec déjà quelques vrais classiques. Vient un étrange
Annabel Lee (Edgar Allan Poe) avant l’évocation par Bob Levon Been de ce qu’il pourrait advenir de leur musique :
Whatever Happened To My Rock & Roll. Nouveau retour en 2000, nouvelle claque. Robert est à genoux après avoir enjambé les retours, et laisse le premier rang toucher sa basse. Ca slame, ça pogotte, ça crowd-surfe, ça tente même de stage-diver avant que les gros bras n’interviennent. Avouons le, devant la batterie du Leah, Robert et Peter, chacun à sa manière, sont sexys en diable et balancent un rock trop classe pour qu’aucun mâle dans la salle ne tienne la comparaison. C’est noir, c’est rapide et tranchant, on ne tient pas deux secondes sans taper du pied. Bref, ça envoie du lourd. Première pause salvatrice.
Robert revient seul avec une guitare sèche, et s’assoie au bord de la scène pour entonner
Visions Of Johanna, de Bob Dylan. Sa voix est douce, si juste et si claire. Le morceau est d’une sublime simplicité, mais un peu long peut-être.
Shuffle Your Feet et surtout
River Styx relancent le show, suivis de
Half-State et
Conscience Killer pour cette séquence entièrement consacrée au nouvel album, qui prend décidément une autre ampleur en live. Le speedé
Six Barrell Shotgun (de Take Them On On Your Own) et
Spread Your Love, nouveau détour en 2000, remettent tout le monde d’accord pour cette fin de deuxième phase.
Le rappel débute par…
Stop, premier titre de 2003 et son célèbre «
We don’t like you, we just wanna try you », puis le superbe
Shadow's Keeper, l’un des bijoux du dernier album. La fin du show est plus déroutante,
Open invitation aurait aisément pu être remplacée par quelque chose de plus marquant, après tant de scuds dévastateurs. Petite erreur de setlist, ou contre-pied volontaire ? Les lasers verts qui transforment la salle en piège à Mister Hunt sur fond de « What a Wonderfull World » ne donnent pas de réponse, mais nous laissent repartir le cœur léger, sûrs d’avoir assisté à une excellent moment de pur rock n’ roll.