Après des recherches de topics, le constat tombe, brutal : rien sur les PIXIES !
Je ne vais pas faire le malin, c'était le première fois que je voyais les Pixies en concert, ce jeudi 15 octobre 2009, au Zénith de Paris. Bien sûr, difficile d'avoir plus de 30 piges aujourd'hui et d'être passé à côté des Pixies, groupe majeur des 90ies. Tant de groupes d'hier et d'aujourd'hui comptent les Pixies parmi leurs influences majeures. Les voici donc reformés pour quelques concerts anniversaires des 20 ans de leur album le plus prisé, Doolittle.
Pas vu la première partie, pas fameuse selon mes sources.
20h35, un film est projeté en fond de scène. Ca ressemble à un noir et blanc des années 30, mais c'est à coup sûr très versé dans le romantico-gore, avec des mannequins démantibulés enchevétrés parmis des ossements suspects, et des acteurs amoureux du meurtre, un peu long, mais dérangeant, c'est déjà ça. Puis vient la fumée...
Les 4 déjà monuments du rock montent en scène, sous des lumières minimalistes qui ne nous laisseront pas voir leurs visages avant quatre ou cinq morceaux. Black est imposant, Santiago discret, presque autant que Lovering, mais Kim Deal ne tarde pas à jouer les pipelettes trouble non-fête, sourire figé et voix fluette à chaque pose.
Le premier titre est, comme les trois suivants, une face B de l'album Doolittle, album dans lequel va piocher la quasi-totalité de ce concert spécial. Manta ray est joué sur un rythme faussement plannant, mais les guitares sont déjà stridentes. Le son n'est pas très fort, un peu trop de treebles, mais agréable. Pour l'amateur-mais-pas-fan comme moi, le concert démarre vraiment avec Debaser. Tame, qui arrive juste après, est énorme. Le coffre rageur de Franck Black a profité des années pour n'avoir rien à envier à certains chanteurs de hard-core. Here come your man est très enjouée, comme le groupe d'ailleurs, qui semble (enfin) prendre plaisir à jouer ensemble. Au passage, la Gibson noire bordée blanche de Santiago est magnifique, lui est juste plus sobre.
Franck Black me fait penser à Monsieur Raymond, le préposé aux poulet rôtis de la boucherie de mon quartier. Sauf que Monsieur Raymond est en tablier blanc et que Mr. Black est... tout en noir, manches relevées pour mieux charcuter. Il promène sa surcharge pondérale, son crâne rasé et sa classe, de celle qui a multiplié les tours de notre planète pour balancer ses skuds noisy-pop, et il a la sérénité de celui qui a survécu, musicalement et biologiquement, à nombreux de ses fils spirituels. Pas de Nirvana sans Pixies, et sans doute pas tous ces groupes en THE (White stripes, Killers...) sans Black. Kim Deal porte un jeans difforme sur ses hanches pas plus en forme, le tout cachant presque son enceinte de basse. Elle a du mal à ajuster sa veste de survèt' trop petite, s'essuie le front et ses cheveux courts après chaque titre, soit toutes les deux minutes trente, et garde ce sourire étrange sur son visage de poupée manga gonflée à l'hélium. Mais elle a l'air heureuse, et c'est bien le plus important, de descendre et remonter le manche de sa basse, engoncée entre son pied de micro et la batterie de notre prestidigitateur de service ! Les silences aimables de Black rappelle à l'ordre l'ex Breeder à chacun de ses bavardages pour que la set list reprenne ses droits. Et Caribou envoie du steack, bien sûr !
Les clips accompagnant chaque titre ou presque sont très bons, parfois sombres, parfois amusants, très synchros. Monkey Gone to Heaven est splendide, et Mr. Grieves profite d'un support vidéo génial dans lequel l'acteur principal est un sac à patates. Chained sera peut être le meilleur moment du live, très finement joué, proche de la non-perfection que l'on aime chez les Pixies. Crackity Jones laisse Francis Black japper hystériquement, comme un chien errant dans les bas-fonds de Londres, mais sans perdre de son air stoïque. Bientôt, voilà le premier au-revoir, avec une vidéo dans laquelle les 4 membres du groupe se prennent par l'épaule pour un salut collectif, imités par leurs doubles sur scène.
Puis reviennent les fumigènes, à (trop) forte dose, tout le Zénith étouffe. Kim Deal entonne alors son lancinant Into the White, avant que la vue nous revienne. Quelques titres et un inévitable Where is my Mind plus tard, nouvel au-revoir, définitif ou presque puisqu'ils remettent ça le lendemain.
Un très bon concert sans nul doute, sous la houlette incontestée de Franck Black, dont le charisme n'a rien perdu. L'impression qui persiste est celle d'avoir vécu un truc, une date qui restera, par le contexte (reformation, concert-album culte...), et d'avoir rattrapé quelques années de retard. If man is 5, then the devil is 6, and Pixies are 7 !