Didier Wampas, un rocker pur et dur
À l’occasion de la sortie du dernier album des Wampas, « Rock’N’Roll Part 9 », nous avons rencontré leur chanteur, Didier Wampas.
Vingt ans qu’il est punk. Vingt ans qu’il fait de la musique, et vingt ans qu’il travaille…à la RATP ! Dans le milieu du rock, Didier Wampas (de son vrai nom Didier Chapelaine) est atypique. Il continue son job d’électricien à la RATP, alors qu’il va jouer au Zénith de Paris dans un mois. Il dit se « foutre » du succès et même de vendre des disques... Avec Didier Wampas, la punk attitude est un art de vivre ! Son groupe éponyme, dont le nom vient de la BD Rahan, s’est formé au début des années 80. Avec la Mano Negra, les Bérurier Noir et les Garçons bouchers, il a fait les belles heures de la scène rock alternative de l’époque.
Sur fond de musique rock, Didier cale des textes surréalistes, souvent très drôles. Le succès vient en 2003, avec l’album Never trust a guy who after having been a punk, is now playing electro… Et le tube Manu Chao, où l’ancien chanteur de la Mano Negra est gentiment brocardé à propos de ses gains astronomiques sous couvert de son look de SDF. Les Wampas sont aussi célèbres pour leurs performances scéniques hallucinantes. Ainsi, lors des Victoires de la Musique 2003, Didier a parcouru la scène en criant « Les Wampas n’aiment pas Kyo ! », car le groupe qui avait remporté la victoire ce soir-là. « On ne fait pas un groupe de rock pour se prendre au sérieux. Certains n’aiment pas ça, mais c’est pas grave », résume le chanteur.
Au niveau des influences, l’homme surprend : on attend les Ramones, les Sex pistols, et on a droit à… Dalida, Mike Brant ou Claude François ! « J’ai grandi avec eux. Je ne les renie pas. Mon idole reste Charles Trenet ». Et pour les nouveaux ? « Lorsque je vois des nouveaux groupes sur scène, je me dis que les Wampas sont encore jeunes ! », s’amuse-t-il.
Aujourd’hui le succès est là. La tournée compte plus de 150 dates, mais pour Didier, pas question de se prétendre « professionnel » : « J’ai posé 6 mois de congés sans solde pour participer à la tournée, mais je me fous que le succès soit là ou pas. Si on vend 3 exemplaires de notre prochain disque, ce n’est pas grave. On se fait plaisir avant tout ».
Succès ou pas, le nouvel album, Rock 'N' Roll Part 9 a créé la polémique. Le titre Chirac en prison fait l’objet d’une autocensure de la part de certains médias, à l’exception, entre autres, de Canal +. « J’ai écrit ce titre pour voir jusqu’où l’on pouvait aller dans la liberté d’expression en France ». A ce jour seules quelques radios (Ouï FM, Le Mouv’ et RTL2) le diffusent. La télévision est encore plus frileuse. Un bip sonore cache le mot « Chirac » dans la pub pour le single. « On nous a fait comprendre qu’il était inutile que l’on tourne un clip », raconte le chanteur.
« L’art peut changer notre vision du monde. Mais, nous ne sommes pas là pour faire de la politique. Nous avons un peu de succès, on en profite pour ouvrir notre gueule. Je ne comprends pas les artistes qui ne le font pas. Plus un artiste a du succès, moins il parle. Les gens sont coincés par le système ». En ce qui concerne le morceau sur Jacques Chirac, il assume entièrement : « il a trompé les gens en n’exprimant pas clairement ses idées politiques. Ce qui me dérange, c’est son côté faux-cul », explique-t-il. Lui qui voulait voir jusqu’où l’on pouvait pousser le bouchon a gagné son pari. « Je suis content d’avoir fait cette chanson, malheureusement, ça va plus loin que je ne pensais », se désole-t-il.
Et le reste de l’album ? Treize chansons dont la presse donne un écho plus que positif. Quelques graines de tube, comme Christine, chanson écrite au départ pour… Johnny Hallyday. « Je ne l’ai jamais envoyé, avec le mot punk dans le refrain, je pense qu’il ne l’aurait jamais accepté ». Plus loin, on trouve le titre Johnny, qui raconte justement cet épisode : La maison de disque / Vient de m’appeler /Pour me demander si je voulais / Ecrire une chanson pour Hallyday. Côté engagé, outre Chirac en Prison, on peut écouter l’excellent Saint Remy, sur le RMI avec ces phrases cultes : « Ce soir c’est la Saint Rémy / On va aller chez Franprix / Ca va encore être la fête toute la nuit ». Engagé donc. Humain aussi, lorsqu’il évoque la mort du cycliste Marco Pantani, à Rimini : « Le vélo est comme la musique pour moi. Ce fut une révélation quand j’étais jeune », explique le chanteur, qui avait déjà composé une chanson sur Laurent Jalabert en 1998.
Un très bon album, pour un groupe dont le succès est tardif mais amplement justifié. De toutes façons, comme le répète Didier Wampas à longueur d’interviews : « Je m’en fous ».
Rock ‘N' Roll Part 9, les Wampas, Atmosphériques.
Les Wampas sont actuellement en tournée dans toute la France.